poésie et prose
Extrait de la rapporteuse des brumes
Hameau tranquille au cœur du vent, le bateau au mouillage est le symbole le plus précis de l’état des âmes diagonales quand elles rencontrent une heure sereine.
Flottante, mouvante, tournant au diapason avec ses compagnons, l’embarcation fait une pause de sa vocation de voyage. Elle se repose.
Qu’est-ce qu’une âme diagonale, me direz-vous ? Je n’en sais absolument rien, j’ai juste eu envie de l’écrire, peut-être une notion de pentes.
Un bateau. Quelle invention, quelle histoire, quelle vision. Quelle beauté. Et les imaginaires.
Extrait de Douze ratures acceptées
Les ardoises orangées ce matin depuis ma fenêtre
Disaient silencieusement tout ce que je voulais entendre
Une tourterelle d’accord, des mésanges acquiesçantes
Prirent le dessus du rouge dans un bleu scintillant.
La fraîcheur qui s’échappe du vert charmant des haies
Happe mon inconstance et l’enfouit au grenier
Écrire pour commencer c’est tellement suffisant
Le jour sera très lent, sans artifice ni doute.
Sereine et déchargée, la matinée de conquête
Dont l’absence de surprise soulage ma poitrine
Apporte des vacances à mon esprit usé
Dont la fête imminente rend concaves mes lèvres.
Qu’y a-t-il dans le café et dans la cigarette
Pour qu’on y trouve la paix quelles que soient ses défaites ?
Les plaisirs récurrents ont une force singulière
Dont l’habitude allège le travail de mes veines.
Extrait des Incertains ont la vie fauve
La justesse, cette raison. La tendresse d’un arbre, un visage éclairé, le tableau qu’on avait attendu. La vie vaut sa peine, et l’étendu du beau respecte le corps. Un bien est là. Et la lumière qui tangue s’empare. Aller vers. Les transports, cette humanité qui console. Art. Il y a un regard. La douceur d’être, qui fabrique la bonté. Et les traces de pattes du chien qui accompagne sur le sol d’une maison aimée. Et un ami, cet absolu. La beauté d’une main, d’un mot, d’un silence. Et les moments, quand la campagne n’hésite pas. Elle attrape l’ensemble qui permet d’être. Elle donne. C’est un ventre, serein. L’amitié peuple si entière. Et la cale sur le port a toute sa vocation. Des pierres. Leur constance varie. C’est très beau. Un oiseau blanc déplie le ciel. Une cloche. C’est bon les cloches. La musique, cette autre constance, cette terre intacte et inventée. Elle touche. Elle touche tout. C’est un très grand amour. Nous ne sommes qu’un. L’unité est très précieuse, elle vainc l’étranger. Être juste. S’accorder. Et correspondre.
Extrait de l'écart, ses robes de nuit
Le gris extraordinaire de ces deux vieux amants
Ravalés et sévères grignotés par le temps
Dépassera l’exemplaire signifié au passant
Comme un don ordinaire affublé d’un croissant.
Leurs mains noueuses et sèches ratifient le couplet
Qui d’aventures ensemble rappelle l’imparfait.
Survolé sans ramure tremblait donc le tiret
Mais le succès rassure et la mort se méfiait.
INTERVIEWS ET Lectures
paroles
Karine Le Gad interprète "Un dernier coeur"